L’engouement pour la monétisation du dioxyde de carbone (CO2) en Afrique ne fait pas disparaître les préoccupations concernant le transfert des efforts de dépollution vers les nations les plus démunies.
La Zambie, un pays enclavé et fortement endetté en Afrique australe, a récemment fait la une en annonçant la signature d’un accord avec deux entreprises chinoises. L’objectif affiché de cet accord est la protection et la restauration de sa couverture forestière sur une superficie de 40 000 kilomètres carrés, soit environ 5 % de son territoire.
Ce n’est pas la première fois que la Zambie s’engage dans un projet de cette ampleur. En début d’année, elle avait conclu un accord similaire, couvrant une superficie deux fois plus grande, avec la société émiratie Blue Carbon. Cette entreprise, détenue par Ahmed Dalmook Al Maktoum, membre de la famille dirigeante de Dubaï, est également impliquée dans des projets au Liberia (10 000 km2) et en Tanzanie (80 000 km2).
Ces projets, qui combinent des initiatives de lutte contre la déforestation, de reforestation et de plantation à grande échelle, visent à générer des millions de crédits-carbone. Chaque crédit-carbone est censé équivaloir à une tonne de CO2 capturée ou non émise dans l’atmosphère grâce à ces actions.
Ces exemples ne sont que les dernières manifestations de l’effort concerté des pays africains pour s’imposer sur le marché du carbone. Bien que l’ambition soit ancienne, les résultats obtenus jusqu’à présent sont restés modestes. Selon l’ONG américaine Forest Trends, qui répertorie environ 3 300 projets dans le monde, à peine une centaine se trouvent en Afrique, principalement dans quelques pays, dont le Kenya en tête.
La monétisation du CO2 offre une opportunité aux pays africains de financer des projets de conservation forestière tout en contribuant à la réduction des émissions mondiales de carbone. Cependant, les préoccupations subsistent quant à la répartition des avantages, aux questions de souveraineté et aux risques potentiels pour l’environnement.
Les défis sont nombreux, mais l’Afrique poursuit sa quête pour jouer un rôle significatif dans la lutte contre le changement climatique tout en veillant à ce que ces initiatives profitent réellement à ses populations et à son environnement.